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Publié le 06/12/2016
1977, en voyage sac à dos à travers l’Asie : Thaïlande, Hong-Kong, Taïwan, les Philippines, la Malaisie, Bali, Singapour…
D’île en île nous progressons, évitant les pirates de Bornéo, mis sous protection militaire. Jeeps, gilets pare-balles, l’aventure. Une nuit le sol se dérobe: Zamboanga, un tremblement de terre. Mais c’est aux Philippines que nous signons notre destin: embarqués sur une pirogue nous échouons sur une toute petite île, à quelques miles de Cebu. Paysage de carte postale, plages de sable blanc, eaux turquoises, nul touriste, nous sommes au bout du monde. Mais la tempête se lève et les quelques jours immobilisés auprès des villageois seront le cadre du début de l’histoire Anne Elisabeth.
Le marché est un concentré de la vie, des parfums et des couleurs. Mes yeux sont tout de suite attirés par les sacs de farine revendus vides, aux dessins plus beaux les uns que les autres. Chaque moulin a son emblème. Il y a les champs de blé, les épis, les moutons, le Général, … Il y a toujours le nom et l’adresse du moulin (Milling Company) en belles lettres grasses, bleues, rouges, jaune. Les sacs font vingt-cinq kilos.
Le premier matin nous en achetons une poignée. J’ai ma petite idée… Je vais créer un top… Le patronage est simple : une encolure, deux emmanchures, un cordon circulant en bas pour resserrer le vêtement, des poches kangourous et bien sûr, le magnifique motif sur le devant. Le Milling est né.
Le deuxième matin nous retournons sur le marché et en achetons une bonne cinquantaine. A la maison une petite organisation se met en place. La grand-mère découd les sacs, récupérant le fil sur un petit morceau de bois qui lui sert de bobine. Les enfants vont laver dans la mer les sacs, le papa s’installe derrière la machine à coudre.
Le troisième matin : le prix des sacs est multiplié par cinq… Une rumeur circule : deux gringos rachètent tous les sacs…
Le quatrième matin, nous décidons de ne plus aller au marché. Les jeunes filles de la maison feront désormais les achats, … à prix normal.
Entretemps la tempête s’est calmée. Nous laissons de l’argent à la petite famille et leur commandons une production. La pirogue nous attend. Trois mois plus tard nous rentrerons en France, presqu’à temps pour réceptionner au Havre un container de trois-mille « chemises » cent pour cent coton.
Une griffe est créée.